Les modes de rendu essayent de traiter au mieux le remplacement des couleurs hors gamut entre un espace source et un espace de destination. Si par exemple le tirage photographique sur papier correspond au profil de destination, nous savons à l'avance que certaines couleurs comme les bleus électriques présents dans le fichier RVB ne seront pas reproductibles sur le papier. Il faudra donc bien remplacer ce bleu d'origine par un autre bleu, un peu plus terne. C'est le mode de rendu qui va déterminer quel bleu de destination remplacera le bleu source.
Fig. 1. La conversion entre un profil couleur très large comme le proPhoto-RGB et un autre moins large comme le sRGB va entraîner la compression d'une importante zone de couleur hors gamut. Les flèches blanches indiquent la migration des couleurs dans l'axe des primaires.
Fig. 2. Lorsqu'on a un très large transfert de couleur hors gamut, les meilleurs résultats sont obtenus en mode Perceptuel car les écarts entre les gradations sont conservés
La norme ICC préconise 4 modes de rendu différents : Les modes Perception et saturation proposent la compression de la gamme source. Les modes colorimétriques (absolue ou relatif) proposent de déplacer les couleurs sans compression.
Le rendu perceptuel correspond à une réduction de toute la distribution tonale. Toutes les couleurs subissent une modification et les écart entre les couleurs restent proportionnels aux écarts qui existaient dans l'espace source. C'est le rendu de prédilection pour les conversions d'un espace source assez grand vers un espace de destination nettement plus petit comme par exemple convertir depuis le sRGB vers un CMJN. C'est par exemple le rendu par défaut adopté par les industries graphiques car la conversion essentielle consiste à convertir des fichiers RVB en CMJN. Même si on obserbe une légère dérive dans la colorimétrie, ce mode de rendu est le seul qui permettre de préserver le modelé des dégradés de couleurs.
Egalement fondé sur la contraction du gamut, ce rendu se propose de reproduire des couleurs vives sans tenir compte de l'exactitude colorimétrique. Ce mode de rendu est capable d'exploiter au maximum les couleurs les plus vives que peut produire une imprimante par exemple. Le seul intérêt de ce rendu est la production de graphique d'entreprise ayant des couleurs vives et qu'on souhaite conserver cet aspect flashy même si il y a une grosse dérive des couleurs.
Ce mode de rendu va reproduire très fidélement les couleurs reproductibles dans la destination. Par contre ce mode fait l'impasse sur les couleurs hors gamut en les concentrant sur la périphérie du gamut de destination. Si l'image comporte un grand nombre de couleur hors gamut, le risque de cassure dans les dégradés est réel. C'est donc un mode de rendu appropié pour la simulation d'épreuve uniquement. Lorqu'il s'agit de simuler les performances d'une presse offset sur un imprimante à jet d'encre, le rendu colorimétrie absolue sera un bien meilleur choix que le rendu perceptuel car la colorimétrie sera plus précise et le risque de dégradation des dégradé négligeable entre deux profils aux gamut assez proches.
Alors que les trois rendus précédents tenaient compte du pouvoir d'adaptation de l'œil pour faire la correspondance du blanc lorsqu'il y avait effectivement une difference de blanc entre la source et la destination, le rendu colorimétrie relative est une version évoluée du rendu colorimétrie absolue qui tient compte des variations de blanc entre la source et la destination. Il permet donc la conservation du blanc du profil source.
Avec ce mode de rendu, le papier très légèrement jaunâtre d'une épreuve Cromalin de référence pourra être simulé à l'aide d'un papier à tendance bleuté d'une imprimante jet d'encre. Outre la légère réduction de gamut pour simuler l'épreuve Cromalin, le point blanc sera lui aussi simulé par une augmentation de l'encre jaune sur l'ensemble des valeurs mais particulièrement à l'approche des blancs. Dans la pratique le rendu Colorimétrie relative est le mieux adapté dans la simulation d'épreuve. C'est le rendu par défaut des RIP d'imprimante qui utilisent la simulatiopn d'épreuve.
Dans la grande majorité des cas on n'a pas à s'occuper du mode de rendu. La plupart du temps les logiciels qui appliquent la gestion des couleurs utilisent le rendu par défaut proposé par le profil de destination, le rendu perceptuel le plus souvent. En, cas d'absence du tag sur le mode de rendu dans le profil couleur, c'est le mode choisi dans les préférences qui prendra le relai. Les photographes et les imprimeurs choisiront le rendu perceptuel dans les réglages couleurs de Photoshop.
Fig. 3. Dans la boîte d'impression de Photoshop, si on choisi "Epreuve", les modes de rendus ne sont plus disponibles (grisés) afin d'imposer "Colorimétrie relative". Il est toutefois possible de basculer sur Colorimétrie Absolue en cochant "Simuler la teinte du papier".