Le modèle CMJ est le modèle universel pour obtenir des mélanges d'encres, de peintures ou de colorants. Il est basé sur les trois couleurs primaires cyan, magenta et jaune. L'application des couleurs sur un papier utilise la synthèse soustractive, les couleurs primaires ne sont donc pas les mêmes que dans la synthèse additive. Le modèle CMJN n'est qu'un cas particulier du modèle universel CMJ.
En imprimerie, les colorants primaires peuvent se mélanger deux par deux pour donner les couleurs secondaires rouge, vert, bleu. Ce mélange est toujours plus foncé qu'une couleur primaire car il applique la synthèse soustractive. La densité des couleurs rouge, verte et bleu donc est toujours plus élevée que celle du cyan, du magenta ou du jaune. Si on continue les mélanges entre couleurs secondaires, on obtient du noir, la couleur la plus foncée du système.
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Fig. 1. Dans le mode CMJ : l’absence d’encre correspond au blanc. Le mélange de deux primaires est une couleur deux fois plus foncée qu’une primaire. Le mélange de trois primaires donne la couleur la plus foncée productible par le système.. |
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Dans un modèle RVB, il est très facile de choisir des primaires de telle sorte que leur mélange à parts égales donne du gris. Par exemple dans le modèle sRGB, un mélange équilibré comme R =127, V = 127, B = 127 fait apparaître un gris neutre à l'écran. Dans un modèle CMJ, les primaires proviennent de colorants naturels. L'encre cyan des imprimeurs, par exemple, n'est pas assez dense en comparaison des deux autres colorants. il en résulte que pour obtenir le gris le plus neutre possible, il faut utiliser plus de cyan que les deux autres primaires.
Lorsqu'au milieu du 20e siècle, le standard des encres d'imprimerie a été défini, Félix Brunner établit les mélanges de référence nécessaires à l'obtention d'un gris parfait sur une presse offset. Ces proportions ne sont pas les mêmes selon les papiers, mais une norme de référence a été établie. Pour obtenir la correspondance d'un gris moyen de 50 %, l'équilibre chromatique ou la balance des gris est la suivante :
50% de cyan + 43 % de magenta + 45 % de jaune.
Fig. 2. Pour obtenir une couleur grise, il faut faire un mélange de couleurs primaires où prédomine nettement le cyan pour compenser le manque de densité de cette encre.
Quel que soit le modèle colorimétrique, RVB ou CMJ, etc., il est toujours possible de décomposer une couleur en deux parties. La partie achromatique qui correspond à la quantité de gris qu'elle contient et la partie chromatique qui détermine la teinte de la couleur. Le rapport qui existe entre les quantités de couleurs achromatiques et chromatiques détermine la saturation de cette couleur. Par exemple, une couleur qui ne contient pas de composante achromatique est saturée au maximum. Cette notion de composantes est très importante car elle est à la base du modèle CMJN que nous aborderons plus loin.
Toutes les couleurs peuvent être décomposées en deux parties : la composante achromatique qui correspond à du gris et la partie chromatique qui correspond à la dominante (la couleur restante).
Dans cet exemple le marron est composé d’une partie de gris et d’une partie d’orange. La composante grise respecte les proportions de Brunner.
Cette possibilité de décomposer une couleur va permettre de les classer en deux catégories : les couleurs qui n'ont pas de composante grise et les couleurs qui ont une composante grise. Nous appellerons par convention les couleurs de la première catégorie, des couleurs chromatiques, et celles de la deuxième catégorie des couleurs achromatiques car elles contiennent toujours une quantité de gris.
Il ne faut pas confondre couleur chromatique et couleur pure. Une couleur pure comme celles de la figure de gauche est toujours chromatique alors qu'une couleur éclaircie, donc non pure comme sur la figure de droite est également chromatique. Le seul critère qui permet de définir une couleur chromatique est qu'elle est composée de 2 primaires au maximum.
Une couleur est dite chromatique quand elle est le mélange de deux primaires maximum. Dans ce cas, elle ne génère pas de composante grise car il n'y a pas d'introduction d'une couleur complémentaire. Une telle couleur se trouve toujours sur le périmètre du triangle de Maxwell comme sur la figure ci-dessus. Cette couleur conserve sa qualité de couleur chromatique si on modifie sa teinte ou sa luminosité.
Une couleur est dite achromatique quand les trois primaires interviennent dans le mélange. Lorsqu'il y a présence d'une couleur complémentaire dans le mélange, il y a apparition d'une composante grise. Les couleurs achromatiques se situent donc toujours à l’intérieur du triangle. Dans une couleur achromatique, la dominante est créée par les deux primaires les plus importantes. La troisième ne fait que ternir la couleur dominante.
Dans une couleur achromatique, la primaire la moins importante n'a qu'un rôle de complémentaire par rapport aux deux autres. C'est-à-dire qu'elle ne sert quà assombrir et à désaturer les deux autres sans aucune influence sur la teinte.